« La butte du hurleur de nuit »
En 1865, alerté par des ouvriers, Mr le Docteur Gressy et Mr de Closmadeuc firent une découverte étonnante : Des ossements de squelette humain et des objets funéraires furent trouvés dans un ensemble de dalles brutes de granit. Il s’agissait de la découverte d’un premier coffre funéraire. Pourtant, parlant de cette découverte, l’Abbé Lavenot, ancien vicaire de Quiberon écrit « pendant les vingt années précédentes, environ vingt cinq autres chambres de pierre avaient été trouvées dans cette même butte ».
Sept autres chambres funéraires furent ainsi mises à jour par Mr de Closmadeuc. Plus tard, dans les années 1911, Zaccharie Le Rouzic mit à jour « un tertre circulaire mesurant dix mètres de diamètre et 2 mètres environ de hauteur ».
Coffre funéraire
Mr Le Rouzic dit plus loin dans son rapport à la Société Polymatique « il serait du plus grand intérêt archéologique de poursuivre l’étude de ces coffres dans notre Morbihan, en partant du connu vers l’inconnu. Ils pourraient bien nous aider à élucider la fin des sépultures doméniques dans notre pays ».
Ce lieu est loin en effet d’avoir révélé tous ses secrets, il fait partie d’un tumulus plus grand qui n’a pas été fouillé en totalité.
Un mot sur l’origine du nom « Mane Becker Noz » : A 150 mètres au plus du tumulus, existe un lieu dit Mane-Beleg, la montagne du prêtre. En 1795, des exécutions sommaires y furent commises. D’où peut-être la légende du nom de Mane Becker Noz.
Qu’est devenu ce site archéologique ?
Une concession avait été accordée pour y installer un « paint ball » afin de permettre à des individus de se défouler à coups de jets de peinture, de jouer à la guéguerre sans aucune considération ni pour l’environnement ni pour le caractère sacré du lieu. L’ancienne Mairie avait obligé, dans un premier temps, le concessionnaire à baliser et protéger d’une haie de bois les coffres funéraires. Sous l’amicale pression de l’APSSE défendant le patrimoine et l’environnement, la concession fut révoquée. Mais le concessionnaire, furieux, partit en laissant tous ses déchets sur place, à charge pour la Commune de nettoyer le site.
Nous avons alerté la nouvelle Mairie qui s’est décidée immédiatement à faire intervenir les Services Techniques afin que ce lieu mythique ouvert à tous les vents ne devienne une décharge sauvage. Nous nous réjouissons de cette bonne décision.
Le site nettoyé doit retomber dans l’oubli afin de le préserver des archéologues amateurs et prédateurs. Seul un chantier officiel de fouilles pourra nous livrer d’autres secrets.
La Commune de Saint Pierre n’est pas en pointe dans le projet UNESCO ; il reste encore le Cromlech avec son tennis au milieu et ses arbres menaçant de tomber sur les menhirs. Ce dossier laborieux (cinq années de négociations avec le propriétaire) a abouti la veille de élections par un accord signé devant le notaire de Carnac.
Un chantier d’insertion devait permettre l’aménagement du site. Le dossier est toujours en cours. Pour cela, il faudrait renouer avec la DRAC et relancer la Direction Régionale de l’Archéologie. Une tempête, en effet, peut toujours faire tomber un arbre sur les Menhirs.
Concernant la signalétique sur ces sites (Alignements, Cromlech, Dolmen), il n’y a rien. Cela relève encore du domaine de la Direction Régionale de l’Archéologie sur laquelle il faudrait mettre la pression. Nous ne sommes pas à niveau concernant la préservation et la mise en valeur du patrimoine. La création d’une Commission municipale, composée d’historiens, de bénévoles dévoués au patrimoine, pour aider les élus en charge de ce dossier, serait la bienvenue et ce, au plus vite.
Jean Yves Morizon